A Toulon, Ségolène Royal veut prouver qu'elle est dans le bon tempo

Publié le par JL

le Jeu, 18/01/2007   Campagne Présidentielle

 

ToulToulon

Pour chauffer la salle, les socialistes varois avaient prévu une fanfare. Fallait-il y voir une métaphore politico-musicale ? Car c'est d'abord de rythme qu'il était question, hier soir à Toulon, pour ce qui ressemblait fort au premier véritable meeting politique de Ségolène Royal, calé entre une batterie de débats participatifs. Alors que des inquiétudes se font jour, chez les socialistes, quant au tempo de cette campagne ­ inquiétudes exprimées mardi soir lors du bureau national du PS ­ la candidate a voulu rassurer les siens. Et démentir l'idée d'une baisse de régime : «J'entends la droite dire qu'il y aurait comme un trou d'air dans ma campagne. Ce soir, je vois surtout un souffle d'air extraordinaire qui va nous porter vers la victoire.» Si «la droite a la puissance de l'argent», référence, entre autres, au grand spectacle organisé à grands frais par l'UMP, dimanche, Ségolène Royal, elle, entend «mobiliser en profondeur l'intelligence du peuple français». Pas question donc de céder à la précipitation : «C'est grâce à vous que dans cette élection majeure, je peux garder le cap, rester moi-même. [...] Cette campagne, je l'ai voulue avec vous. Avec vous, je suis en train de construire mon projet présidentiel pour mieux répondre aux inquiétudes des Français.»

«Etats d'âmes» Ses proches n'en démordaient pas, qui s'attelaient à tordre le cou à l'hypothèse d'un flottement dans la campagne. Hypothèse renforcée par le choc de l'intronisation à grand spectacle de son principal adversaire, dimanche dernier. «La candidate, elle, ne flotte pas, assure Patrick Mennucci, directeur de campagne adjoint. Il n'y a pas de creux. Des moments forts, il y en aura. On n'est que le 15...» «Que Nicolas Sarkozy ait un coup de booster après ce dimanche, ce n'est pas étonnant», glissait un membre du staff, évoquant de prochains sondages plus flatteurs que les derniers. «Tout cela était prévisible.» Quant à la partition écrite par Ségolène Royal, son équipe n'entend pas changer une note. «On a une certitude : le rythme et la méthode de Ségolène Royal sont les bons, martelait Jean-Louis Bianco, son co-directeur de campagne. Je ne pense pas qu'en réunissant 29 000 personnes et en multipliant les petits pains, on règle le problème. Il y a deux rythmes de campagne, celle qui vient d'en haut, en citant la terre entière, et une campagne fondée sur la participation des Français. C'est normal qu'il y ait un peu d'états d'âme.» Avant de citer François Mitterrand : «Il faut donner du temps au temps...»

Jeunesse. La question du temps, donc. Même si le lieu, symboliquement, importait, en cette ex-ville frontiste et toujours des plus droitières. Choisie par la candidate pour asséner une leçon d'histoire à «une droite historiquement à bout de souffle qui n'a rien d'autre à proposer que de soigner le mal par le mal». «Ici, on sait bien que la République est combat», a rappelé Ségolène Royal qui, appelant à «ne pas tomber dans des synthèses qui permettent tous les renoncements, tous les opportunismes», a répliqué point par point à Nicolas Sarkozy, qui avait cité jusqu'à Jaurès : «L'Ancien Régime et la Révolution, ce n'est pas pareil. Les croisades et Valmy non plus. La morale de l'histoire, ce n'est pas que tout se vaut et s'équivaut.» Et d'asséner : «On ne peut pas s'attribuer des valeurs auxquelles on ne correspond pas.»

Se posant comme la «candidate de la morale de l'action», soucieuse de «rendre au travail toute sa valeur», Ségolène Royal a donc soigné le clivage. Rappelant qu'elle «veut que la France accepte ce qu'elle est devenue : plurielle, diverse, colorée», elle a voulu s'adresser à la jeunesse, laquelle, à l'évidence, ne penche pas naturellement pour le candidat de l'UMP. Citant tout à tour Rimbaud, Gambetta ­ déjà exploité par Sarkozy ­ et même la chanson, de Diam's, Ma France à moi. Le rythme, toujours.

David REVAULT D'ALLONNES / Libération


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